Mixtape.
Magyd Cherfi/Coin écriture /Papiers (Page 2)

Papiers

Qu’on appelait Idir

S’il est vrai que dans la vie on part à la recherche de références pour établir sa propre carte identitaire, rarement chez moi l’homme politique a servi à bâtir un ADN potable, équilibré, intime. Par contre, c’est chez les artistes que j’ai ciselé en moi une personne que je pouvais reconnaître, qui semblait être au plus proche, à égale distance des tares et des reflets parfois plus nobles de sa personne. Quand on est artiste un temps soit peu lucide, c’est souvent qu’on...

La revanche

Comme je suis fils d’algérien, je suis en lien avec la famille du bled, des cousins que je vois tous les mois d’août et qui sont impatients de recevoir leurs trois bandes blanches made in Toulouse. Ces temps-ci, c’est eux qui appellent. Au tél, c’est l’hallu ! Ils viennent aux nouvelles du terrible virus, me demandent comment ça va. Étrange, v’là qu’ils s’apitoient. Pour une fois, c’est eux qui se font du mouron, s’inquiètent pour...

La maman et le virus

Dans ce texte transmis à «Libération», le chanteur et auteur Magyd Cherfi évoque le déchirement pour sa mère, 80 ans, de devoir rester à distance des siens, et le dilemme que cela crée dans le cœur de son fils. (© Libération)...

Cours plus vite Charlie – c’est ton anniversaire

Défendre Charlie Hebdo contre vents et marées, comme s’il était un bout de soi-même, un organe vital, le défendre pour se protéger soi-même des inquisiteurs de tout poil qui veulent régir, poser des lois trop rigides, établir des frontières mexicaines, des murs israéliens, des Schengen illusoires, des limites quelles qu’elles soient....

Les autruches

En vérité on veut pas savoir, on enfouit sa tête dans la semoule, la chose est trop gênante. Qui n’a pas entendu au détour d’une conversation : « Elle est tombée dans l’escalier » ?...

Mohamed Ali : Le verbe et l’uppercut

Texte initialement paru dans Libération du 8 août 2019. Son nom sonnait comme trois syllabes confondues «kas-us-klé» ! J’avais 10 ans et j’entendais les copains - «c’est moi Cassius Clay !» comme une garantie de victoire. Choisir son nom, c’était gagner, alors, ça rouspétait sévère dans la rue, «non, c’est moi, non ! moi !» et point d’autres noms de substitution. On était lui ou personne. Quand je me suis à mon tour approprié ce nom magique, je ne connaissais...

Une Algérie enfin !

« Je reste pantois devant la jeunesse algérienne. Oui, je la croyais définitivement éradiquée, je pensais que l'Algérie était devenu un pays sans jeunes, qu'elle s'était faite à l'idée de se survivre « sans » et m'y suis fait, et soudain là-voilà cette jeunesse, magnifique, flamboyante, vivante. M'étais trompé. Mais faut vous dire. Longtemps pour moi l'Algérie ...

Hapsatou

Hapsatou, oh belle courageuse, oh belle noire, oh joli prénom ! Gloire d’une France qui ne s’est pas levée pour toi. Aucun écho médiatique puissant pour dénoncer la lâcheté médiatique, aucune célébrité pour dire fuck Ardisson ! Aucun politique pour lancer un «Viva Africa» au nom des soldats noirs morts pour le pays et qu’aucune stèle digne de ce nom ne salue, aucun signe sur le drapeau pas même une tresse sur la chevelure à Marianne. Tu vois Hapsatou...

Rachid Taha

Je me souviens, j'étais jeune, arabe mais français mais arabe. J'habitais les quartiers nord de Toulouse, j'aimais la France mais j'aimais l'Algérie, j'aimais Dahmane mais aussi Joe Strummer. J'aimais Charles Trenet et Bob. La littérature américaine et les poèmes Mahmoud Darwish. Mon ciel était trop large et je m'étouffais de trop de sons, c'était un temps de sono mondiale et je trépignais à trouver mon étoile, mon fil initiateur. C'était un temps de convergences des...

Johnny, plus qu’une voix

Texte initialement paru dans Libération le 6 décembre 2017 J’ai fait partie de ces ados qui, dans les années 80, se moquaient de Johnny, à cause de ses fautes de syntaxe, de grammaire, de conjugaison, que sais-je. C’étaient des années encore «politiques» et l’on portait encore à gauche. On ricanait de son inculture, on riait de sa beauté irréelle, de son allure d’apollon achevé, on moquait ses chansons, leur romantisme échevelé, parfois leur aspect réac....

La princesse et le croque-note

Cool ! Ils se sont couchés dans l'émission « On n'est pas couché ». Moix et Angot ont même fait révérence nette devant le prophète Finkielkraut. Moi même je m'étais éparpillé dans une élégance factice dans une de ces émissions dont j'étais le pitoyable invité.Donc j'attendais l'échauffourée, le grand duel. Enfin deux fines lames renverraient cet apôtre pessimiste et inquisiteur à son siècle malodorant. On allait voir ce qu'on allait voir. Au lieu de ça...

Le complexe du Praud

Texte initialement paru dans Libération le 7 novembre 2017. Pascal Praud est incroyable. Il présente sur CNews une espèce de talk-show, une émission qui traite au quotidien de divers sujets qui font l’actualité. Il invite toutes sortes de gens censés nous éclairer sur les grands problèmes du monde ou sur des faits divers censés révéler telle ou telle problématique du moment. Journalistes, scientifiques ou autres intellectuels viennent donc étaler des points de vue contradictoires...

S’abonner à la newsletter de Magyd Cherfi