Mixtape.
Magyd Cherfi/Coin écriture /Papiers (Page 4)

Papiers

À cent jours de l’euro …

J'étais môme ma mère me disait : « Il n'y a rien de plus stupide que de courir derrière une balle qu'il faut domestiquer avec ses pieds, c'est avec sa tête qu'on devient un homme, on la remplit d'abord et c'est après qu'on s'amuse. Mon fils, c'est pas bien de se servir de ses pieds, les pieds c'est pour les animaux. » Résultat je suis minable balle au pied. Pourtant je n'ai aimé que le foot. Je m'en suis même...

Mille et un merci !

Mille et un merci ! Voilà nous y sommes ! Je me retrouve sans mots, moi qui ne vit que par eux. Méchant paradoxe qui débouche pourtant dans une joie immense, une émotion à vous scotcher les paupières. Vous avez été des centaines. C'est pas donné à tout le monde de compter des centaines de gens prêts à vous porter pour une idée du monde, un texte, une émotion. Ces trois mots sont beaucoup et peu...

Le livre

Décidément on ne lit pas le même livre. À les écouter, ils sont eux les élus et nous les dégénérés. Ils ont du bol de s'être ainsi arrogés la bonne place, de s'être assis du bon côté de l'éternité. Moi je ne me paie pas ce luxe. Je ne suis pas sûr d'être au bon plaisir de dieu, je me dis qu'il doit pas aimer que je m'interroge sur le sens de la vie....

Mes excuses à la France

Madame, on vous promet de plus vous embêter. Pardon de vous exaspérer, de vivre qu’entre nous, de brouiller votre identité, oh pardon de pas être chrétien. On sera français pour de vrai, promis on mourra pour la patrie. Madame, restez vous-même, éternelle ! Pardon de désosser votre socle millénaire, pardon pour l’Empire qu’on a déboîté, pardon pour le désordre à chaque coin de rue, pardon d’aimer nos mères qui ne seront ni Jeanne, ni...

La déchéance II

Après tous les hommages et nos corps en suspens, qu'avons-nous solutionné ? Je doute, sauf de mon âme endolorie. Qu'avons-nous retenu de choses à retenir ? Rien de fondamental à mes yeux. Rien qui ait pris le risque d'une république cosmopolite, qui n'aurait été (au fond) qu'un axe vers la modernité car ce mélange dont on vous rebat les oreilles n'est pas qu'une posture d'idéalistes repus, il est simplement l'armature du monde de demain. Mais...

La déchéance

Après Charlie, après les carnages et les fous qui n'ont pas assassiné que leurs victimes, après la sidération, l'émotion, on est restés chancelants. Chancelants mais pas définitivement éteints. On se contemple vivants et l'on se dit : « qu'avons nous faits de nous mêmes ? » De nos proches, de nos voisins de nos concitoyens. Pourquoi le gouffre ? Ce précipice béant. Aujourd'hui on mesure l'étendue du malentendu. Le prix de l'indifférence, la distance en année lumière qui...

Nadine chez les blancs

Nadine c'est quoi la blancheur de la peau ? C'est quoi être blanc ? Et ça sous-entend quoi ? Quand tu t'enorgueillis d'être blanche c'est dans quelle intention ? Qu'est-ce que tu présupposes ? J'ai des réponses et pas de vérités. Moi qui suis fils d'immigrés algériens et qui dans leur exil ai perdu ma langue, suis devenu au fil de la francité, l'étranger de ma mère. Oui, très vite je n'ai plus parlé kabyle...

J’ai peur

Ça y est ! Ils sont là, si près qu'ils sont presque nous. Comme des ombres qu'on espère ne pas être les nôtres. On peut toujours croire qu'on en est pas ...

130 Hommages

Je préfère perdre et me perdre dans des crises qu'on dit d'identité. Perdre haleine, fuir et même déserter. Perdre un doigt, mon honneur s'il le faut. Perdre le goût, le goût tout court, le goût des autres, l'odorat et le reste, la mémoire et mes meilleurs amis. Oh Préférer perdre le sens de l'humour, le nord et les points cardinaux. Perdre du terrain sur l'agenda du monde qui va comme il le peut. Perdre une fonction...

Carnages

Il y a des jours comme ça où on aime la France, où on a envie de chanter la Marseillaise, envie d'être tricolore comme un supporter insupportable. Il y a des jours où on se reproche de pas être assez français. Des jours où on voudrait s'appeler Dupont quand on s'appelle Magyd. Suis-je toqué ? Suis-je choqué ? Oui je laisse se répandre la douleur en mon cœur et reposer ma tête percutée de...

Nadine est son prénom

Désormais les reubeus disent "naâdine" et rajoutent "mook", ça fait donc "naâdinemook" (une insulte). Elle s'appelle Nadine comme on s'appelait Gilbert ou Jean-Jacques il y a quelques temps de ça, des prénoms qu'on ne donnerait plus au plus chéri des nouveaux nés. C'est ainsi, ils sont passés de mode, éculés, caduques comme un short de l'équipe de France dans son creux des années seventies, comme un slip australien, une banane autour de la taille. Finish,...

Mon roman à venir …

Quartiers nords de Toulouse , la cité d'urgence. Rue Raphaël, rue Van Dick, des peintres mais personne ne les revendique, puis des poètes, des écrivains mais ici personne ne sait lire personne n'écrit. D'ailleurs, personne ne parle français tout le monde baragouine. Au milieu des caravanes et des baraques en taule un adolescent se découvre poète et les mots vont l'écarter des autres. Plus il affine ses rimes et plus le fossé se creuse, il devient au fur...

Appelez-nous Français en attendant qu’on le devienne

Texte initialement paru dans L'Humanité du 14 janvier 2015 Après ces meurtres qui n’ont pas assassiné que leurs victimes, après la sidération, l’émotion, nous voilà groggy, chancelants. Chancelants mais pas définitivement éteints. On se contemple vivants et l’on se dit, qu’avons-nous fait de nous-mêmes ? De nos proches, de nos voisins, de nos concitoyens. Pourquoi le gouffre ? Ce précipice béant ? Aujourd’hui, on mesure l’étendue du malentendu. Le prix de l’indifférence, la distance en années-lumière qui nous séparent les...

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