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À nos Zemmour

Qui peut croire que les millions d’immigrés maghrébins ou africains qui habitent la France en veulent à leur pays au point de vouloir au nom d’Allah y commettre les plus abominables crimes ? Et ces centaines de milliers de jeunes nés en France, qui peut croire qu’ils n’aiment pas la France, qu’ils s’y sentent mal au point d’envisager quelque sécession qui soit ? Qui peut croire qu’ils ne s’y sentent pas chez eux et ne rêvent pas de la servir de la manière la plus brave ou inspirée ?

Qui peut croire que nous ne chérissons pas la liberté, l’égalité, la fraternité et que nous ne rendons pas hommage aux dates les plus glorieuses de notre histoire. Qui peut croire qu’on ne fête pas Noël, Pâques et les anniversaires d’inspiration catholique.

Qui peut croire que nous n’avons pas au Panthéon de nos airs préférés les Brel, Brassens ou Ferré. Pour les moins âgés Renaud, Higelin ou Lavilliers, le hip-hop pour les plus jeunes. Qui d’entre nous n’a pas appris sa fable de La Fontaine ou ne s’est pas identifié aux romans de Giono, Pagnol et autres Daudet ?

Faut-il citer le nombre de serviteurs exceptionnels de l’État français venus d’Afrique ou d’ailleurs qui ont fait de lui le plus éclairé des pays. Qui peut croire qu’enfant on a pas aimé qu’on nous propose comme ancêtre le plus tressé des gaulois, qui peut croire qu’on a pas voulu être greffé à un arbre généalogique quel qu’il soit ? Qu’on nous raccroche à une famille, un territoire, un peuple, une langue.

Qui peut croire que parce qu’on envahit un terrain, qu’au stade on arbore un drapeau berbère ou qu’on adule Zidane ou Karembeu on en est moins patriote ?

N’en déplaise à Zemmour, savez le nombre de musulmans qui ne détestent pas accompagner leur couscous d’un excellent Dom Pérignon ? Le nombre de ceux qui ne détestent pas se rafraîchir au soir d’été d’une bonne bière maison ? Le nombre de parents qui ne font pas de gorges chaudes pour des pâtes aux lardons servis à la cantine à leur rejetons, préférant à la ségrégation culinaire un traitement égal qui affirmera une fraternité à venir. Oui, plutôt écorner un dogme que voir ses enfants séparés de leur camarade, j’allais dire de leur patrie. Ils savent que plus tard à l’âge du libre arbitre et en pleine possession de leurs moyens, il sera toujours temps pour eux de faire un choix qui sera cette fois le leur ?

Qui peut croire que nous sommes contre la maîtrise des flux migratoires ?

Qui peut croire que nous enterrons nos parents en Algérie ? La plupart préfèrent désormais les plaines du bas Quercy au flancs rocailleux de la montagne kabyle, sachez le.

Qui peut croire que nous, musulmans adhérons à quelque Djihad qui soit ? Qui ?

Ou qu’on accepte que nos cités soient devenues des zones inhospitalières.

Qui peut croire que la majorité croit aveuglément ? En vérité la laïcité nous apparaît être le bouclier le plus protecteur à l’endroit des croyants de quelque obédience ?

Qui peut croire que nos petites lycéennes « enfoulardées » le sont par la force ou qu’on leur impose quelque obscurantisme qui soit ?

Qui va croire qu’elles ne kiffent pas les réseaux sociaux, Tik Tok, Instagram, Twitter et j’en passe ?

Qui va croire que même croyantes elles n’en dévorent pas moins les mangas, les love story, le hip-hop, le recourbe cil, les carrés Hermès, les shoes à trois bandes blanches et le dernier iPhone ? Oui, elles rêvent de vivre en femme libre, en filles respectées désireuses de jouir de leur corps et d’avoir droit à la contraception la plus élémentaire et cela même même sous l’égide d’Allah. Un Allah je le concède « rafraîchi », sécularisé au grand dam de ceux qui radotent le grand remplacement ou du résidu d’aliénés qui le tentent.

Qui peut croire qu’elles ne font pas le tri entre spiritualité « douce heureuse » et l’abrutissement barbare des tenants d’un dogme moyenâgeux ?

Est-ce trop demander ? A nos Zemmour je sais que ça l’est, sniff.

Written By: Magyd Cherfi

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