Rachid Taha
Je me souviens, j’étais jeune, arabe mais français mais arabe. J’habitais les quartiers nord de Toulouse, j’aimais la France mais j’aimais l’Algérie, j’aimais Dahmane mais aussi Joe Strummer. J’aimais Charles Trenet et Bob. La littérature américaine et les poèmes Mahmoud Darwish. Mon ciel était trop large et je m’étouffais de trop de sons, c’était un temps de sono mondiale et je trépignais à trouver mon étoile, mon fil initiateur. C’était un temps de convergences des idées et naissaient dans toutes les banlieues des grenades prêtes à exploser leur trop plein de jus.
J’étais jeune et il est apparu mon aiguilleur du son, il était beau, il était beur et bourré. Il était brun, chantait en arabe sur du funky maison, des reggae tricolores ou de la transe anglo-saxonne. Il s’appelait Rachid Taha et traçait sans le savoir une France de demain, il enterrait à lui tous nos doutes et nous demandait d’appartenir à la fraternité du monde. Depuis lui, j’ai su que j’allais chanter sans me soucier de la source de mon inspiration, du qu’en dira t-on et du qu’adviendra t-il. Il s’est laissé porter par son amour de tout et restera l’arabe qui a chanté du rock, le français de « Ya rayah », l’homme sans frontières.
Rachid, paix à ton âme ami, regretté frère d’un espoir qui nous tient debout toujours.
Magyd
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