Mixtape.
Magyd Cherfi/Coin écriture

Coin écriture

La vie de ma mère

Nouveau récit à paraître le 19 août 2020. "Après avoir conquis sa part de Gaulois en devenant le premier bachelier de sa cité, Magyd Cherfi alias le Madge file s’établir en centre-ville avec un co-locataire...

Une olive qui veut pas dire Zemmour

Il faut que t’ailles plus loin frère, je t’appelle frère parce qu’il paraît que t’as des origines berbères et ça ! Ça me met le cul par terre, ça me « gène ». Il faut disais-je, que t’ailles plus loin dans ta dénonciation du rebeu. En plus du prénom qu’il nous faudrait français, rajoute le nom ! Pourquoi changer l’un et pas l’autre ? Ça tient pas la corde ! J’ai moi-même anticipé l’affaire, j’ai commencé à me faire appeler...

À nos Zemmour

Qui peut croire que les millions d’immigrés maghrébins ou africains qui habitent la France en veulent à leur pays au point de vouloir au nom d’Allah y commettre les plus abominables crimes ? Et ces centaines de milliers de jeunes nés en France, qui peut croire qu’ils n’aiment pas la France, qu’ils s’y sentent mal au point d’envisager quelque sécession qui soit ? Qui peut croire qu’ils ne s’y sentent pas chez eux et ne rêvent...

Je pense aux Français

Texte paru dans Libération le 18 octobre 2020. Je pense aux français, pas à tous, à ceux qui pensent qu’ils le sont plus que d’autres et qui regardent Zemmour vomir son dégueulis raciste en plissant des paupières honteuses. Je les vois horrifiés au plus profond d’eux-mêmes et dans le même temps se délecter qu’un homme puisse larguer autant d’horreurs avec aisance, plaisir et dextérité.Oui, ils se délectent d’horreurs qui ne leur font pas si horreur...

Qu’un sang impur

Combien sont-ils à être tombés pour la patrie sans être français ? La France a-t-elle fait le compte de tous ses « tombés au champ d’honneur », je veux dire de tous et toutes ? Combien ont sacrifié leur vie ? Combien sont morts pour la France en espérant être libérés à leur tour de l’entrave colonialiste et enfin retrouver leur identité originelle ? Combien de vietnamiens, d’indiens, de noirs, de berbères, d’arabes ou de peuls, d’arméniens, de russes, d’allemands, d’italiens...

Bacri, âme damnée

Il semblait vivre sur le fil du rasoir, semblait ne rien accepter du commun des mortels parce que le commun des mortels a ce défaut d’être justement commun. Il aurait aimé que chaque être humain soit si différent d’un autre, qu’il ne puisse plus être possible de parler du « commun » des mortels mais « du singulier » des mortels. Sa souffrance semblait naître de ce qui est inhérent à l’humanité : sa banalité, presque l’effort qu’elle fait...

J’ai peur

Ça y est j’ai peur. Peur de tout et de n’importe quoi, de toutes les peurs sauf celle de mourir. J’ai peur de dire que je suis français et pire marseillais (je supporte l’OM en brandissant l’étendard amazigh). Peur de dire que je suis athée et bouffeur de bigots. Peur de ne pas faire le ramadan à Toulouse en pleine période de jeûne, peur d’une insulte, d’un crachat ou d’une baffe pleine poire. Peur...

La trahison

J’ai été d’une école où on aimait ses profs, où après être passé dans une classe supérieure on passait leur rendre visite, ça épinglait un orgueil de moineau sur nos maigres poitrines. J’ai été d’une école où le nom de « prof » faisait tinter la rétine et briller l’envie d’en être. Moi j’allais à l’école comme on se blottit dans un nid attendant la becquée quotidienne. J’étais ce privilégié-là, cet engourdi docile aussi. Je guettais...

A Samuel

Il y a peu je demandais à un neveu, petit jeune homme au demeurant délicieux, pourquoi il faisait le ramadan. La question n’était pas anodine de la part d’un bouffeur de curés, d’imams ou de rabbins, ces trois aimables cousins. Pris d’effroi il m‘a répondu : je sais pas, et j’ai mesuré l’étendue du désastre, celui de pas savoir pourquoi on croit, pratique et s’incline. Pire il ne semblait pas comprendre mon neveu ce que...

La part du sarrasin

Nouveau récit à paraître le 19 août 2020. "Après avoir conquis sa part de Gaulois en devenant le premier bachelier de sa cité, Magyd Cherfi alias le Madge file s’établir en centre-ville avec un co-locataire...

La plaidoirie de maman

Maman m’a toujours dit n’embête pas les français, ils sont chez eux, parle moins fort, ne sors pas. Elle disait mon amour, ma perle, reste à la maison, maman t’aime et longtemps je suis resté son otage. Je n’aimais pas qu’elle pleure ou s’inquiète alors je me condamnais à la réclusion maternelle. Je regardais des ombres sur un mur et la réalité me tournait le dos. Mon monde comptait cent mètres carrés jardin et...

Lettre à Olivier Marchal

Lettre à Olivier Marchal Ghouri Yazid, 23 ans, tué le 15 décembre 1982 par un commerçant, membre de l’association « Légitime défense » à Gonesse. Abarra Mimoun, 20 ans, assassiné le 23 janvier 1983, atteint par cinq balles de 7.65 tirées par deux hommes à moto, à Ajaccio. M’raidi Nacer, 18 ans, blessé le 4 février 1983 à Châtenay-Malabry, par le brigadier Lapeyre et maintenant paralysé. Aouimer Abdelka der, 18 ans, blessé à Montreuil par un policier le 12 mars...

Nom Floyd, prénom Adama

Demandez-vous pourquoi l’on court, pourquoi l’on se cache et pourquoi l’on tremble à la vue d’un uniforme de la police ? Oh français dits blancs de souche ! Demandez-vous pourquoi ils sont des dizaines de milliers de jeunes noirs et arabes à avoir peur du flic ? Demandez-vous pourquoi cette angoisse, ce nœud dans l’estomac, cette envie de prendre ses jambes à son cou. Connaissez-vous des noirs ou des jeunes issus de l’immigration maghrébine qui ne redoutent...

Adieu Guy

J’ai aimé l’homme et l’artiste et il est rare qu’on apprécie les deux. Guy Bedos faisait partie des rares avec Coluche à pouvoir prononcer les mots bougnoule ou négro en toute confiance, un des seuls autorisés auprès des populations concernés à la chambrante féroce. Oui, lui seul pouvait moquer ou caricaturer l’arabe et le noir sans crainte de semer, c’est qu’il portait en lui plus qu’une conviction mais les stigmates des pires sévices portés...

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